Tokyo Kids 3, à main levée

A l'heure où de nombreux artistes utilisent des moyens de reproduction mécanique pour dessiner – vidéo-projecteur, table lumineuse, etc – il n'est peut-être pas inutile de préciser que je dessine à main levée.

Je n'ai pas l'intention d'établir une hiérarchie entre les différents modes de dessin. Depuis la Renaissance, les artistes ont recours à des procédés optiques et mécaniques pour appréhender la réalité. Cependant, les œuvres produites différent radicalement selon le mode opératoire.

Le dessin à main levée, sans autre assistance que la collaboration entre l’œil – arpenter, observer, repérer, mesurer – et la main - plus ou moins habile, plus ou moins dressée – induit des imperfections, des déformations subjectives et transmet une énergie qui sont les conditions de circulation du souffle de la vie. Tandis qu'un dessin obtenu par un procédé de reproduction mécanique risque de n'être que la copie neutre d'une image ou d'une photo.

Dessiner à main levée c'est comme sauter à l'eau sans savoir nager. Cédant au vertige, on se jette avec la peur au ventre. On se débat pour ne pas couler. Il arrive qu'on boive la tasse et qu'on remonte sur le rebord sans avoir réussi à traverser. Il arrive aussi qu'on marche sur l'eau.

Parfois, la feuille, à force du frottement de la gomme, s'épuise, teintée dans l'épaisseur par les pigments. Elle se déchire ou ressemble à la surface lustrée d'une nappe en vinyle. Il faut alors découper la partie abîmée et la remplacer par un dessin satisfaisant de même surface qu'on intègre par une opération chirurgicale risquée.

Mais cela fait partie du jeu. Un dessin vivant n'est pas un dessin parfait. Il s'enrichit des ratures, des traces, des repentirs et des disproportions qui ne collent pas avec la réalité photographique mais livrent une part de la vérité cachée des choses et des êtres. Cliquez sur le lien pour découvrir les Tokyo Kids.

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