Estampes numériques

Que pensez-vous de l'art numérique ? Aujourd'hui, il en est beaucoup question. Avec les NFT et l'A.I. appliquée à la création de l'image, tout est bon pour alimenter le débat intellectuel mais aussi la spéculation financière, occultant la question du rapport entre l'art et l'informatique.

Avant d'entrer aux Beaux-Arts de Paris, j'ai passé un diplôme d'ingénieur en électronique. Du fait de ma formation scientifique, j'ai toujours porté un regard détaché sur l'informatique, la voyant comme un outil au service de l'humain et non comme la créature mi-démiurge mi-monstrueuse que les médias dépeignent souvent.

Longtemps, je l'ai tenue à distance de la création : écriture de textes, rédaction d'un cv, constitution de dossiers, catalogage, etc. Puis, la gestion des photos m'a amené à me servir d'un logiciel de retouche d'images. Découvrant son potentiel, j'ai fait tomber progressivement les barrières en l'employant dans le domaine de l'édition pour corriger mes dessins ou pour effectuer des collages numériques.

Lorsque mon épouse m'a offert une tablette graphique pour mon anniversaire, je suis resté dubitatif. Il m'a fallu plus d'un an pour m'en emparer. Le glissement de la pointe dure du stylet sur la surface lisse et brillante de l'écran me semblait à l'opposé de ma pratique et du plaisir que j'éprouve à employer des outils traditionnels – papier, crayons, encre, aquarelle.

Le déclic a eu lieu à Sixt. Je suis parti en montagne en remplaçant mon carnet de croquis par la tablette. Après avoir tâtonné dans la sélection des outils et l'apprentissage des commandes, j'ai commencé à réaliser des dessins d'un nouveau genre. La possibilité d'annuler les dernières opérations, de modifier le format du support, de combiner des effets très divers – sans avoir à transporter dans son sac tout le matériel habituel -, de superposer des calques sont des avantages indiscutables par rapport aux techniques classiques.

Certes, la virtualité de l'image est frustrante comparée à la sensualité d'un dessin sur papier vélin. Pour éviter la comparaison, il faut prendre une autre direction.

Cette année, j'ai renouvelé l'expérience en testant de nouveaux procédés. J'ai même réussi à dessiner sous la pluie. A l'abri sous un sapin, l'eau dégoulinant de toutes parts, la tablette est restée insubmersible !

Pour l'exposition Notes de ma cabane, la galerie Louis Gendre m'a proposé de réaliser une édition d'estampes numériques. Nous avons sélectionné six compositions. Les tirages mats, de format environ 30 x 40 cm, sur papier Hahnemhülhe 300g/m² sont de toute beauté. Les couleurs sont fidèles à celles de l'écran. Ce sont des œuvres originales multiples. Tirées en 10 exemplaires chacune, elles sont en vente en exclusivité par la galerie Louis Gendre. N'attendez pas trop longtemps car les premiers tirages sont moins chers que les suivants. Pour voir les estampes sur le site de la galerie, cliquez sur ce lien.

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Notes de ma cabane (l’exposition)

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