L’angoisse de la page blanche
Ressentez-vous l'angoisse de la page blanche ? L'impossibilité de dessiner ou d'écrire à l'instar du "poète impuissant qui maudit son génie" à la lueur de "la clarté déserte de ma lampe sur le vide papier que la blancheur défend" (Mallarmé, extraits d'Azur et de Brise marine) ?
Dans cet esprit, l'art naîtrait du néant, alimenté par une inspiration aussi soudaine que magique. Cette vision romantique est très éloignée de la réalité d'une pratique artistique. La création est un processus continu qui se nourrit de sa propre action.
Dans ma pratique, cette action passe par le dessin, plus précisément par d'une suite de croquis tracés dans un cahier de recherches. Qu'importe la qualité, le dessin a pour fonction de matérialiser une pensée, de transcrire et de transformer une observation.
Chaque dessin – ou trace – s'inscrit dans un ensemble. Il répond à un questionnement. Sa valeur est relative. Seule compte la réponse qu'il apporte, que le dessin suivant tentera de préciser ou de compléter. La page perd vite sa blancheur !
Le réseau de lignes s'épaissit au fil de la recherche. J'utilise peu la gomme car les "erreurs" servent de repères et permettent de mieux appréhender l'espace de la feuille. Le dessin sert aussi d'échauffement, comme un pianiste faisant ses gammes.
Quand vient l'étape de la peinture, nul besoin d'inspiration. L'idée a déjà pris forme. Comme la feuille, la toile ne reste pas vierge longtemps. Par le trait ou la surface, il faut bâtir avec le même processus d'approximations successives.
Pour supprimer l'angoisse de la page blanche, il suffit de travailler de façon régulière et naturelle, sans chercher l'absolu. Pour accéder à mes œuvres en ligne, cliquez vite sur ce lien.